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Ma réaction à l’interdiction de la chanson de Craonne lors de la Cérémonie de commémoration des 100 ans de la bataille de la Somme

chanson-craonne1« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels »

Anatole France


Comme de nombreux Français, j’ai été choqué d’apprendre que le Secrétaire d’état chargé des anciens combattants et de la mémoire avait refusé que soit entonnée la « Chanson de Craonne » à l’occasion des commémorations d’une des pires boucheries de la « grande guerre », la bataille de la Somme.

Après avoir refusé de procéder à une réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de la première guerre mondiale le 26 mai dernier, ce nouvel affront sonne comme une insulte de plus pour les descendants des victimes. Cette décision s’inscrit également dans un contexte dangereux où le pouvoir tente de museler l’expression populaire et fait planer des menaces d’interdiction de manifestations syndicales.

J’ai donc envoyé un courrier à Monsieur Jean-Marc Todeschini pour lui rappeler que « la guerre est  l’art de faire s’entretuer des gens pauvres, qui ne se connaissent pas, au profit de gens riches qui, eux, se connaissent… ». Cette maxime à la véracité sans cesse renouvelée à travers les époques a été superbement illustrée par cette chanson qui marque le désespoir, la résignation mais aussi la révolte de ceux qu’on envoyait à l’abattoir pour rien.

Je lui indique qu’en censurant cette mémoire, il tente d’effacer l’histoire au plus grand profit des vendeurs de canons qui s’enrichissent dans le business de la mort.

100 ans après ces massacres, il est désormais acquis que la guerre de 1914 aura constitué un véritable massacre de masse avec la mobilisation de 70 millions d’hommes dans le monde, 10 millions de morts, 20 millions de blessés, 640 000 veuves, 760 000 orphelins, 740 000 mutilés. Ces chiffres traduisent un traumatisme à grande échelle dont les stigmates toujours présents sont ravivés par cette décision de censurer cette chanson au nom d’un village du Chemin des Dames qui fut l’objet de combats très violents.

Les « sans dents » et les « pauv’cons » qui ont vu leurs prédécesseurs mourir dans l’enfer des tranchées méritent plus de considération de la part du Gouvernement.

JJC CRAONNE 1E GM

 

Contre le coup de force du 49-3, je voterai la censure.

Le premier ministre a choisi d’utiliser l’article 49-3 de la constitution pour faire passer la loi travail sans vote. Cette procédure profondément antidémocratique empêche le débat et l’expression de la représentation nationale. Elle bafoue les droits les plus élémentaires du Parlement en privant le peuple et ses représentants d’un débat public qui s’impose sur ce texte essentiel.

C’est un triple coup de force : contre le monde du travail, contre les français qui rejettent majoritairement cette réforme, et contre le parlement qui se trouve bâillonné.

Honte à cette gauche qui s’est présentée aux français pour lutter contre la finance en 2012 et qui ne fait que répondre aux injonctions du MEDEF depuis son élection.

Avec mes collègues du groupe Front de gauche, nous avons travaillé à l’élaboration d’une motion de censure progressiste réunissant des écologistes, des radicaux, et des socialistes qui ne se reconnaissaient pas dans ce coup de force antidémocratique. Les règles de la constitution sont claires, il nous fallait 58 signatures de députés pour pouvoir déposer cette motion. Au terme du délai de 24 heures, nous en avons eu 56.

J’ai donc pris mes responsabilités en votant la seule motion de censure examinée, celle déposée par la droite. Bien que ce texte soit à l’opposé de ce que je porte, il était le seul outil à disposition pour faire tomber ce funeste projet de loi et censurer le gouvernement.

La mobilisation doit continuer dans la rue pour obtenir le retrait de ce texte rétrograde. L’unique fois où une loi adoptée via cette disposition constitutionnelle a été mise en échec c’était en 2006, lorsque le 1er ministre Villepin, avait reculé face à la pression de la mobilisation sur le Contrat Première Embauche (CPE).

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