Ce mercredi, alors que les salariés du groupe La Voix du Nord se rassemblent nombreux devant le siège de l’entreprise pour dénoncer le plan social qui menace 25% des effectifs, j’ai interrogé le Gouvernement sur l’impact de la loi travail qui autorise les licenciements économiques dans un groupe qui réalise des résultats positifs – 25 millions de bénéfices en 5 ans pour la Voix du Nord.
Pendant que la Ministre règle ses comptes avec un candidat à la primaire du PS, les salariés trinquent !
Madame El Khomri affirme qu’aucun PSE n’a été déposé cet été. Elle joue sur les mots ! Comme le montre le communiqué de presse ci dessous, un projet de réorganisation a bien été présenté à ses services il y a plusieurs mois. La Direction de la Voix du Nord a elle même évoqué devant les représentants des salariés des « échanges » avec la Direccte.
La direction de la Voix du Nord justifie en effet son plan par une volonté de « sauvegarde de la compétitivité ». C’est précisément une des notions ajoutés par la loi Travail, dans son article 67, pour justifier d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Selon le SNJ CGT, le PSE présenté par le groupe reprend également un tableau des chiffres d’affaires des 4 derniers mois soit une nouvelle référence exacte à un autre motif créé par la loi Travail dans son même article 67.
La Ministre invoque la jurisprudence de 1995 mais qu’est ce qui l’obligeait à suivre cette jurisprudence ? Ne pouvait-elle pas faire une loi plus favorable aux intérêts des salariés ? Bien sur que si, mais elle a choisi son camp.
Les salariés vont devoir se battre pour défendre l’outil de travail, l’outil d’information. Le combat qu’ils ont entamé est digne.
Je suis à leur côté, sincèrement.
Madame la Ministre du travail,
Il y a 8 jours, la direction du quotidien la Voix du Nord, troisième journal régional du pays, annonçait un plan de suppressions de postes massif. Sur les 710 salariés, 178 sont menacés, soit 25% des effectifs. Avec mes collègues du Nord Alain Bocquet et Marc Dolez, nous condamnons les étrennes empoisonnées qu’offre le monopole Rossel à ses équipes.
L’intersyndicale dénonce un projet d’une ampleur aussi brutale qu’injustifiée. En effet, selon les mots mêmes du directeur, le groupe « gagne de l’argent » et l’entreprise est « rentable ».
Et pour cause, la société qui détient de nombreux titres de presse a dégagé 25 millions de bénéfice de 2010 à 2015 et vient même de transmettre une offre pour le rachat de Paris-Normandie..
Ce projet utilise une recette bien connue des financiers : utiliser la masse salariale comme variable d’ajustement.
Le personnel déplore d’ailleurs un pur plan comptable, sans vision d’avenir et sans projet rédactionnel, qui met en danger l’existence même d’un journalisme de proximité et de qualité.
Hier dans Les Echos, vous avez affirmé n’avoir jamais été saisie d’un projet de plan à La Voix du Nord. Pourtant, la revue Regards a publié sur son site le document de la Direccte – qui avait mystérieusement disparu– et qui affirme avoir été en contact avec la direction de l’entreprise dès juillet 2016. Or, qu’avez-vous fait depuis ?
La réalité, c’est que ce plan social est un cas d’école de votre loi travail qui autorise désormais les licenciements économiques même quand un groupe réalise des résultats positifs.
Voilà l’action de votre Ministère : satisfaire les revendications patronales en permettant de licencier les employés d’une entreprise bénéficiaire.
Dans un contexte ou le pluralisme de la presse est en danger, qu’un autre journal régional historique du Nord-Pas-de-Calais – Liberté Hebdo – est aux abois, la loi travail fragilise encore un peu plus le secteur au profit des financiers.
Madame la Ministre, allez-vous enfin admettre la nocivité de cette loi et agir pour préserver l’emploi et l’avenir de la presse écrite ?